COMMUNIQUÉ DE PRESSE
“CHET”, PORTRAIT SENSIBLE DE CHET BAKER PAR DAVID ENHCO ET MARC PERRENOUD
Le trompettiste David Enhco et le pianiste Marc Perrenoud rendent hommage à la légende Chet Baker à travers les standards de jazz que le trompettiste a marqués de son interprétation. Un portrait intime, qui regarde en face les ombres du personnage, et deux musiciens qui osent se mettre à nue pour retrouver cette fragilité qui nous touche tant chez Chet Baker.
Comment avez-vous découvert Chet Baker ?
DAVID ENHCO : L’un des premiers albums de jazz que l’on m’ait offert était un disque de Chet Baker. J’avais 6 ans et j’ai grandi avec ce son rond et un peu voilé, comme la voix d’une mezzo. Je crois que c’est cette manière qu’il avait de phraser comme s’il chantait qui m’a donné envie de jouer de la trompette !
D’où est venue l’idée de cet album ?
DAVID ENHCO : Avec le temps, j’ai découvert le côté clair-obscur du personnage : Chet Ba- ker, c’est à la fois ce jeune premier séduisant, égérie de la mode, qui murmure des chansons d’amour... Mais c’est aussi ce visage marqué par la drogue, cet homme à qui on a cassé les dents pour des questions d’argent et dont la vie personnelle était un désastre.
MARC PERRENOUD : C’est ce personnage que nous avons voulu peindre dans l’album. Nous avons choisi pour cela certains des standards de jazz qu’il a joués toute sa vie (puisqu’il ne com- posait pas), comme My Funny Valentine, Yesterdays, Just Friends... Nous avons tenu à montrer aussi l’autre aspect de Chet Baker à travers trois“interludes” que David a écrits.
C’est donc un portrait plus qu’un hommage ?
DAVID ENHCO : Probablement qu’un musicien qui l’aurait connu aurait fait ce disque autre- ment, mais j’appartiens à une autre génération, qui a grandi en admirant le musicien tout considérant l’homme dans toute son ambivalence. Je n’aime pas l’idée d’un artiste intouchable : Chet Baker était un être humain, avec sa part d’ombre, et surtout cette tristesse qui semble l’habiter en permanence, une nostalgie que je retrouve dans tout ce qu’il a fait.
Family Tree, votre précédent album, rassemblait de nombreux musiciens : qu’est-ce que cela représente pour vous de revenir à la forme du duo ?
DAVID ENHCO : Cela fait une dizaine d’années que Marc et moi jouons ensemble : de projet en projet, nous allons vers une forme d’épure, centrée sur le jazz et sa tradition. Cet album est un retour à une forme très intime : à deux on peut réagir très facilement, improviser, explorer toutes les émotions. Nous avons également choisi d’enregistrer dans une même pièce, donc sans possibilité de montage, et avec peu de prises. Nous mettre en danger, c’est notre manière de tendre vers cette fragilité que l’on aime chez Chet Baker.
Comment vous êtes-vous inspirés du son de Chet Baker ?
MARC PERRENOUD : Nous n’avons pas cherché à l’imiter, plutôt à retrouver ce qui nous touche chez lui : un lyrisme et une manière de chuchoter à notre oreille. La prise de son très rapprochée donne elle aussi cette impression de tête à tête, comme si l’auditeur était dans la même pièce que nous.
Qu’est-ce que vous retenez finalement de “Chet” ?
DAVID ENHCO : Je me sens proche de sa manière de faire : ne pas chercher la virtuosité, viser l’émotion avec les moyens les plus simples possibles. À une époque où les disques sont des produits parfaits et parfois un peu lisses, nous avons plutôt cherché la fragilité, l’aspect humain de cette musique et du personnage.
1 - I FALL IN LOVE TOO EASILY (Jule Styne) 6’16
2 - MY FUNNY VALENTINE (Richard Rodgers) 3’57
3 - THERE WILL NEVER BE ANOTHER YOU (Harry Warren) 3’04
4 - CON ALMA (Dizzy Gillespie) 4’04
5 - FLICKER (INTERLUDE 1) (David Enhco) 1’54
6 - YESTERDAYS (Jerome Kern) 4’43
7 - VIF ARGENT (INTERLUDE2) (David Enhco) 0’57
8 - EASY LEAVING (Ralph Rainger) 7’52
9 - ALL OR NOTHING AT ALL (Arthur Altman) 4’04
10 - PIERROT (INTERLUDE 3) (David Enhco) 2’02
11 - JUST FRIENDS (John Milenner) 3’03
DURÉE TOTALE 41’56
